• LA LETTRE H ou "les militants du francique au secours de la langue française"...

    LA LETTRE H

    Les défenseurs du francique au secours de la langue française.

    Les quadragénaires et les quinquagénaires d’entre nous se souviennent sûrement de la férocité dont l’école de leurs jeunes années a fait preuve en Moselle rurale pour essayer d’éradiquer, en même temps que le Platt, toute forme d’accent régional. La chasse aux erreurs de prononciation était ouverte toute l’année scolaire, avec notamment l’insistance absolue et ridicule de la mise en cul de poule de la bouche (pour bouffon) pour le différencier du [ ã ] (de président ou charlatan) . Les instits d’alors, dans leur grande majorité, tiraient à vue pour mettre les jeunes Mosellans au pas d’un coq tricolore nourri aux OGM centralistes. À cette époque, le seul accent «non pointu » autorisé était celui qui permettait de vendre des herbes aromatiques méridionales ou des « fernandeleries » dans le noir et blanc de nos souvenirs cathodiques.

    Les temps ont heureusement changé. La France, jusque dans le recrutement de ses agents du service public, semble un peu plus ouverte à la diversité des accents qui constituent autant de riches survivances rythmiques et mélodiques des langues présentes avant (ou avec) la langue française.

    Toute la France ? Non: la Moselle paraît une fois de plus absente de cette évolution des mentalités. Témoin l’incapacité de certains enseignants (dans leurs pratiques pégagogiques) et de certaines mairies (dans leurs bulletins municipaux) à prendre en compte les exigences basiques de la phonétique française. L’exemple de la prononciation (et de l’utilisation écrite) de la lettre « h » est particulièrement frappant en nos lorraines contrées. Entrez dans une classe ou écoutez tout simplement les gamins parler: le « h » n’existe plus que par son absence ! Or, la lettre « h » en début de mot est soit muette (dans herbe) , soit très souvent expirée [’] et doit s’entendre (nous disposons d’un souffle pour l’exprimer dans hamster, haut, haricot, etc…). Le « h » muet usurpant le « h » expiré conduit tant à l’écrit qu’à l’oral à des erreurs cumulées, notamment des liaisons inadéquates et des oublis de lettres. Alors pourquoi certains enseignants n’exigent-ils pas systématiquement la prononciation du « h » expiré ? Sont-ils prêts à laisser faire une erreur phonétique grave pourvu que la prononciation des enfants s’aseptise, contribuant ainsi à la macdonaldisation du français ? Tout cela conduit inexorablement et parallèlement à l’extirpation de l’accent mosellan ainsi qu'à l’appauvrissement de la prononciation du français. Pauvres timorés de la langue que nous sommes !

    Dans le même registre, consultez certains bulletins municipaux de communes mosellanes dont le nom commence par la lettre « H ». L’initiale de toutes ces communes est un « H » expiré , etymologiquement (du grec « etumos » = vrai ! ) le plus souvent issu de la langue francique. Ecrire (ou dire) « la commune d’Hayange » , « les joueurs d’Hunting » ou «l’usine d’Hambach » est dans ces trois cas une grave erreur de français.

    Et ne parlons pas des noms de famille d’origine francique commençant par la lettre « H ». Certaines familles s’escriment à faire disparaître la prononciation de l’initiale de leur nom qu’ils trouvent à tort généalogiquement honteux. Les scandaleux qualificatifs de « Boches de l’Est » lancés par les vichystes continuent de faire des ravages plusieurs générations après. À ce tarif, Hermann devient aujourd’hui « errement » et nous sommes de plus en plus nombreux à nous perdre sur les chemins de la langue parlée !

    Tout cela témoigne d’une profonde méconnaissance de l’étymologie, de l’histoire régionale et traduit un rapport psychologiquement faible à la langue française . De plus , ces erreurs commencent malheureusement à se répandre dans la presse quotidienne régionale et dans les radios dites locales…..

    Qu’on se le dise et qu’on se décoince !

     


  • Commentaires

    2
    Lundi 17 Juin 2019 à 09:21

    Villmools Merci. Merces plan.

    1
    Dimanche 16 Juin 2019 à 22:12

    Nous souffrons du même rabotage en Gascogne pour les noms qui commencent par un h aspiré gascon (étymologiquement distinct du h francique, car résultant d'une transformation du f latin).
    J'ai fait un commentaire à ce sujet qui signale votre article :

    http://www.gasconha.com/spip.php?loc7848#comment95677

    Bon courage !

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