• Contribution de Jean-Marc BECKER, Président de "Wéi laang nach?"

     

          Les associations qui défendent le francique, regroupées au sein de la Fédération pour le Lothringer Platt ont  manifesté le 24 octobre pour demander la ratification par la France de la Charte européenne des langues régionales. Le Sénat a malheureusement renvoyé cette décision aux oubliettes - une fois de plus. Charte européenne ou pas, de nombreuses régions de France ont depuis fort longtemps compris l'intérêt qu'elles avaient à soutenir leurs langues régionales. Malheureusement en Lorraine, force est de constater que nous vivons sur un champ de ruines, héritage dans les consciences des conflits qui ont jalonné notre histoire, et qu'aucune politique départementale ou régionale n'a réussi à relever.

          Même si l'accent est mis sur l'apprentissage de l'allemand "langue du voisin" (et si l'on ne voulait s'en tenir qu'à cela, les efforts mis en oeuvre font pâle figure à côté de ceux déployés chez nos voisins alsaciens), le déni de l'existant est total. Or sans cet existant, rien ne serait possible ! Si l'apprentissage de l'allemand a toujours été chose aisée en Moselle germanophone, c'est tout de même bien parce que le francique luxembourgeois, mosellan et rhénan - en un mot, le Platt - y est parlé, pour le moment encore, mais malheureusement de moins en moins, depuis au moins 15 siècles. Or cette richesse culturelle n'a jamais été encouragée par les instances départementales ou régionales.

            Le cas du luxembourgeois est encore plus symptomatique du désintérêt de la question linguistique dans la Grande Région. Chacun sait que le Luxembourg draine la plus grande part des travailleurs frontaliers depuis belle lurette, et que le luxembourgeois, langue nationale du Grand Duché est facteur d'intégration. Or quelle politique est mise en oeuvre dans le bassin d'emploi frontalier pour son enseignement ? Hormis l'implication de l'Education Nationale, suite à un long combat, dans une petite partie de la zone historique de parler luxembourgeois (secteur de Sierck-les-Bains et un seul lycée à Thionville), et depuis peu dans quelques lycées du secteur de Longwy, rien de plus.

           Ce n'est pas la création d'une Chambre régionale des langues régionales, comme l'a suggéré M. Masseret, grand pourfendeur de la Charte européenne, dont la future région a besoin, mais d'une véritable politique d'enseignement du luxembourgeois qui doit rassembler pour cela autour de la table le Conseil Départemental de la Moselle, le Conseil Régional, le CESEL (qui n'est pas très disert sur ce sujet non plus), et bien évidemment les autorités du Luxembourg sans qui rien ne serait possible, et dont on aimerait voir plus d'engagement à défendre et promouvoir leur langue nationale par delà les frontières.

           Il faudra aussi réfléchir à la problématique des autres franciques - mosellan et rhénan - et de l'alsacien qui risquent bien à terme de se voir dissoudre chacun de leur côté dans une politique d'enseignement du tout allemand qui ne tiendrait pas compte de leur promotion.

     

    Contribution de Jean-Marc BECKER, Président de "Wéi laang nach?.."

    Jean-Marc BECKER

    Président de l'association "Wéi laang nach?"

     

    Contact :

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    03.87.96.45.46

     


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